Timbres fiscaux mobiles
La plupart des collections de fiscaux de France et Colonies, y compris les plus importantes, sont constituées essentiellement de timbres oblitérés, éventuellement panachés de quelques neufs. C'est qu'en effet nul stock philatélique de fiscaux neufs n'a pu être constitué, même aux époques où cette collection était le plus en vogue, du fait de l'émission répétée de figurines à forte valeur faciale (jusqu'à 10F-Or en 1860 ; 5000F en 1918 ; puis 1000F en 1925 ; etc...). La plupart des philatélistes fiscalistes se sont donc contentés de rechercher les oblitérés.
D'où la rareté des fiscaux neufs, dont la cotation est nécessairement bien plus élevée que celle des oblitérés. Il faut, de plus, noter que la cotation des neufs s'applique à des timbres en bon état, gommés, mais avec traces de charnières. Les fiscaux neufs, en effet, n'ont pas été stockés en feuilles, sauf exceptions accidentelles, mais conservés, en nombre limité, sur des albums ou des carnets, auxquels ils étaient fixés à l'aide de charnières. Quant aux oblitérés eux-mêmes, y compris ceux affectés de cotations très basses, ils ont longtemps été peu faciles à trouver, faute d'un marché organisé. Cette situation est en train de changer, dans la mesure ou de plus en plus de négociants s'intéressent, désormais, aux timbres fiscaux. Mais surtout, les collectionneurs ont désormais la faculté d'adhérer à la Société Française de Philatélie Fiscale, ex-A.R.A.-France, au sein de laquelle ils peuvent se procurer une grande partie des timbres qu'ils recherchent, tout en s'y débarrassant de leurs doubles (voir page d’accueil).
La difficile création des premiers timbres fiscaux mobiles (1850-1860)
Les fonctionnaires de l'administration des finances, habitués aux papiers timbrés depuis l'origine du Droit de Timbre, virent d'un mauvais oeil la proposition de doter la France de fiscaux mobiles. C'est seulement au mois de novembre 1860 qu'advint enfin l’émission des premiers d'entre eux (En réalité, une série de 25 timbres, par analogie, à la vérité inopportune, avec le nombre de valeurs des papiers timbrés alors en service).
L’apparition et le succès des premiers timbres-poste français en 1848 avait, en effet, tout naturellement suggéré aux milieux des affaires et de la politique, l’idée de doter notre pays de telles figurines, pour recouvrer le Droit de Timbre. La majorité des usagers, c'est-à-dire des commerçants, s’était immédiatement déclarée favorable à cette réforme qui leur permettrait de ne plus acquérir qu'un nombre beaucoup plus restreint de timbres mobiles différents, puisque leur usage permettait de remplacer toute figurine manquante par, une ou deux valeurs d'un montant inférieur.
Mais l’administration des Finances s’y opposa de toute la force de son influence, en invoquant principalement le risque que les timbres mobiles ne soient collés sur les actes concernés qu’au dernier moment, et seulement lorsqu'il serait nécessaire de les produire en justice ou pour une procédure administrative. De plus, outre cet argument technique, nos fonctionnaires fiscaux accumulèrent d'autres "bonnes raisons", vraies ou fausses, pour convaincre nos parlementaires de s'y opposer. Seule l'entrée en lice des Chambres de Commerce nouvellement créées, au coté des négociants concernés finit par exercer une pression suffisante sur le Corps Législatif, pour obtenir la création de ces fiscaux mobiles, et seulement, en un premier temps, pour les traites en provenance de l'étranger.