Épreuves et essais
On confond trop souvent, sous la dénomination générique d'essais, les "épreuves", qui sont imprimées au coup par coup lors des étapes initiales de préparation des timbres, avec les "essais" proprement dits qui, eux, sont imprimés ultérieurement en feuilles vers le terme de ce processus. Les épreuves sont généralement reconnaissables à leurs grandes marges qui leur donnent souvent l'allure de feuillets, alors que les essais ont des marges normales.
A noter que les épreuves ont, elles-mêmes, été précédées de « maquettes » à la plume, ou au crayon, (ou encore, à la fin du XIXème siècle, de petites photographies sur collodion), dont certaines ont subsisté. Lorsque de telles maquettes, qui se présentent parfois comme de simples esquisses, sont authentifiées par le catalogue, elles constituent évidemment des éléments de collection de premier ordre.
A noter que par exception, on peut rencontrer parfois quelques épreuves découpées très près du cadre, dont certaines du « Manteau impérial ». Par ailleurs, dans le cas tout à fait exceptionnel des timbres imprimés normalement au coup par coup, comme ceux de la première série d'effets de commerce au type « Cabasson », la différence entre épreuves et essais est difficile à établir. Doivent alors être considérées comme épreuves les figurines ne comportant pas encore la totalité des caractéristiques des timbres définitifs (absence de valeur, absence d'aigle en relief, ou aigle en relief encerclée d'un bourrelé simple).
Les essais et épreuves ont leur place dans toutes les collections de timbres fiscaux, dont elles contribuent à rehausser le niveau. Mais leur présence n'y est indispensable que lorsque ces collections sont spécialisées dans une catégorie de timbres, une période, ou un mode d'utilisation, et bien entendu lorsque l’on désire les présenter en exposition.
A noter que, paradoxalement, les timbres fiscaux français normaux surchargés « Epreuve » ne sont pas des épreuves. Ces surcharges ont en réalité été utilisées par l'Atelier du timbre comme synonymes de « Spécimen », pour marquer les figurines offertes à des visiteurs ou à des ambassades étrangères, en vue d'inciter les administrations des pays représentés à faire imprimer leurs timbres fiscaux en France. Puis, à partir de 1891, les figurines apposées sur les documents de greffe expédiés à tous les tribunaux de France ont, elles aussi, reçu cette surcharge en vue d'empêcher leur utilisation pour des affranchissements fiscaux. L'Atelier du Timbre a finalement mis fin à ces ambiguïtés, en remplaçant, peu avant son transfert à Périgueux, la surcharge « Epreuve », par la surcharge « Specimen » plus explicite.