Le prix encore peu élevé des raretés fiscales
La recherche des timbres fiscaux rares est facilitée par le fait qu’à rareté égale, les timbres fiscaux coûtent beaucoup moins cher que les timbres-poste. Cela est évidemment dû à la demande beaucoup plus forte des postaux.
Les timbres fiscaux moyens ou rares de France et colonies sont toujours actuellement cotés très au dessous de leur valeur réelle. Ainsi le timbre de 1F rouge orange de la série provisoire de Dimension de Lille de 1871, dont une vingtaine d’exemplaires seulement ont survécu, est coté 18.500€ à l’Yvert Fiscal 2022. Cela peut paraitre beaucoup à certains philatélistes mal informés. Mais, si on le compare au 1F vermillon de 1849, qui empêche de dormir les collectionneurs français de timbres-poste, on remarque que ce dernier est coté en oblitéré 20.000€, alors qu’il est censé en exister quelques « 200 ou 300 exemplaires », et donc que le timbre-vedette fiscal cité plus haut est quinze fois plus rare que ce dernier. En effet la vedette postale est beaucoup plus connue et beaucoup plus demandée. Ne parlons pas des deux fiscaux français uniques de la série 10% d’Impôt sur le Revenu, le 90c (premier choix) et le 2c (second choix) de la série 10%, cotés respectivement 24.000€ et 21.000€. Si on les compare au Mauritius Post Office, à l’état neuf où il n’est connu qu'en 2 exemplaires, on relève que celui-ci cote 1.500.000€, ce qui est dire qu’il cote 60 fois plus que notre 90c d’impôt sur le revenu de la série 10%, pourtant de rareté supérieure.
Si l’on descend un peu plus bas dans l’échelle des grandes raretés, et que l’on revient au 1F vermillon postal de 1849, on constate que ce timbre est moins rare que les dizaines de grandes raretés fiscales de France, encore cotées en centaines d’Euros, bien qu’elles ne soient connues qu’à moins de 20 exemplaires et soient donc au moins 10 fois plus rares que le 1F vermillon.
Par conséquent, en philatélie fiscale, il est encore possible actuellement de se faire plaisir en introduisant dans sa collection, sans se ruiner, des timbres de France n’existant qu’en très peu d’exemplaires…. A condition naturellement de les trouver, ce qui est difficile, mais encore envisageable, compte tenu du nombre encore faible d’adeptes de la philatélie fiscale.
En voici une liste actuelle (dont les variétés sont exclues), avec leurs cotes à l’Yvert Fiscal 2022 :
I - Fiscaux français actuellement connus en moins de 5 exemplaires
- Affaires Etrangères n°s 1A, 2A et 3A : 950 à 950€
- Anciens Combattants n°s 7 à 23 : 210 à 750€
- Automobiles n°s 59, 190 à 193: 1.200 à 1.500€
- Connaissements n°s 26B à 26D : 850€ l’un
- Coordination n°3 : 1.650€
- Copies 16A, Erreur : 1.500€
- Dimension n°5A, 81, 83A, 163, 164 neufs : 3.500, 1.200, 800, 2.200, 1.200€
- Effets de commerce, n°s 447A, 448 : 1.250 et 1.100
- Effets de commerce avec la surcharge médaille des papiers timbrés, neufs : 1.200 à 800€
- Impôt sur le Revenu, n°s 45A et 65 : 21.000, 24.000€
60, 61, 66, 68 : 1.000 à 1.200€
85, 86 : 1.100 à 1.000€ - Passeports 14 : 2.000€
- Quittances n°s 17A à 20A: 1.100 à 900€
- Quittances-Carnets du n°11 et du n°16: 1.500 à 2.500€ et 1.250 à 2.500€
- Taxe de Luxe, n°s 84 à 89 : 600 à 1.600€
- Timbre Fiscal unifié n°s 56, 69: 750, 1.500€
172, 205 : 400 à 380€
II - Fiscaux français actuellement connus à moins de 10 exemplaires
(Donc aussi rares que les "Mauritius Post Office" !)
- Affaires Etrangères n°s 23, 23A, 28A et -5 : 1.200, 900, 900 à 800€
- Consulaires italiens surchargés (Guinée): 1.000€ l’un
- Affiches n°s 24 à 27 (sans surch. Epreuve): 450 à 550€
- Anciens Combattants n° 46 : 850€
- Automobiles : n° 58 : 230 à 1.200€
- Connaissements n°s 3C, 7C, 11D, 15C, 26A : 1.100, 1.100, 1.000, 1.000, et 700€
- Copies: certains des n°s 31 à 42 : 500 à 750€
- Copies n°s 27 à 30 : 520 à 600€
- Dimension n°s 69A, 82, 83A, 108 : 500, 600€, 800€, 850€
n°s 168A et 173A : 400 et 400€ - Effets de Commerce n° 144 : 450€
189A et 190A, 192A, 193A et 197A : 920, 650 et 420€
303, 310A à 311K, 313A, 473A à 477A : 390 à 700€
411A: 800€ - Sur Effets Surcharges manuscrites de 1871 ou 1874 sur documents : A partir de 1.400€
- Effets de commerce avec la surcharge médaille des papiers timbrés, neufs : 800 à 1.200€
- Impôt sur le Revenu n° 58 : 450€
59, 64, 69, 85 et 86 : 600€, 400€, 600€, 1.100 et 1.100€ - Quittances n°s 1B, 1C, 5A, 15A, 20A : 650€
- Récépissés de Chemins de fer n°9 : 1.500€
- Rôles d’Equipage, n°6 : 950€
- Taxes Communales 4 et 9 : 1.400€, 450€
- Taxes de Luxe n°s 30 à 34 (sans surch. Epreuve): 500€ à 1.100€, 60 à 68 : 450€ à 1.500€
- Taxes de Paiements n°s 22B, 23 : 400€, 500€
- Taxe Piscicole n°s A1 et 60A : 1.500€, 420€
- Timbre Fiscal unifié n°s 29, 37A : 310, 500€
54, 56, 81, 97A, 100, 111A : 600, 750, 500, 380, 400, 350€
361, 365 : 650, 560€ - Valeurs Etrangères n°s 37 à 40: 450 à 550€
III - Fiscaux français actuellement connus à moins de 15 exemplaires
(Donc 10 fois plus rares que le 1F vermillon)
- Automobiles n° 146 : 540€
- Dimension n°s 95 à 98 : 410 à 460€, 530€
- Dimension avec Surcharges manuscrites de 1871 ou 1874 sur documents : 500€
- Effets de Commerce n°s 283A à 283C : 350€ l’un
301, 302 : 550, 800€ - Quittances, n°4: 350€
- Taxe de Luxe n°s 69 à 83: 100 à 400€
- Taxe Piscicole n°s 174 à 176 : 350 à 550€
- Timbre Fiscal unifié n°s 309, 310, 312 : 450 à 480€
314, 361 : 350, 320€ - Transport n°s A1 à A3 (avec surch. Epreuve): 350 à 400€
Ainsi l’erreur du 10c de Quittances avec burelage grenat, n°1C, connue à une dizaine d’exemplaires est-elle cotée 350€, soit 91 fois moins que la variété du 1F vermillon, dite de "Vervelle", cotée 27.500€. Or ce 1F "Vervelle" est pourtant 10 fois moins rare que ladite erreur fiscale, puisque 139 "Vervelle", dont 38 de second choix, en avaient été retrouvés en 1892.
On notera qu’entre les timbres fiscaux eux-mêmes (comme au sein de la philatélie postale) existent aussi, à rareté comparable, des écarts sensibles de cotation. Ceux-ci sont dus aux variations du degré de connaissance de leur rareté et de la demande fiscale qui ne s’exercent pas de la même façon sur toutes les catégories de timbres fiscaux.
C’est donc avant tout la disproportion de la demande postale par rapport à la demande fiscale renaissante qui explique ces fortes différences dans les cotations.
Mais cet écart résulte aussi de l’actuel manque d’information des investisseurs philatéliques sur les ressources de la philatélie fiscale. Aussi, comme le nombre des collectionneurs de timbres fiscaux proche de 0 en 1981, ne cesse d’augmenter régulièrement depuis 30 ans, tandis que l’information sur la philatélie fiscale, sous la forme du catalogue Yvert et des nombreux articles parus dans la grande presse philatélique, tend à se répandre et à intéresser les non fiscalistes, la demande fiscale tend de plus en plus à se redresser. Aussi ce surcroît de demande, toujours en progression, déclenchera nécessairement de nouvelles hausses sur les fiscaux rares, dont on a vérifié qu’il n’y en aurait pas pour tout le monde.
Certes il n’est pas envisageable que les fiscaux rattrapent un jour les écarts de cote qui les séparent des raretés postales comparables. Mais ces écarts n’en tendent pas moins à se réduire : C’est un fait incontestable. Dans ces conditions, une infime réduction desdits écarts – et celle-ci est en cours - devrait suffire à entraîner un doublement ou un triplement des cotes fiscales actuelles.
C’est donc l’un des attraits de la collection fiscale que la possibilité actuellement ouverte d’acquérir, avant que les fiscalistes deviennent trop nombreux, certaines grandes raretés fiscales à des prix comparables à ceux des timbres-poste moyens.
Mais encore faut-il les rencontrer, et ne pas les laisser échapper lorsqu’il en apparaît dans les ventes.
Car, n’oublions pas qu’un timbre qui n’existe actuellement qu’en 12 exemplaires ne peut pas figurer dans plus de 12 collections, que sa cote soit de 100€ ou 1000€. Alors n’attendons pas qu’il atteigne 1000€, et qu’un nouveau collectionneur, enfin informé, l’achète avant nous.